Envie d'ailleurs, envie d'une vie secrète et nichée dans la nature
Cela fait un petit bout de temps que je n'ai publié aucun billet ici . . .
A vrai dire, j'ai le cerveau en ébullition. Quelques préoccupations administratives s'ajoutent au quotidien un peu lourd. La flemme s'installe: celle de cuisiner, celle de coudre, celle d'aller de l'avant. Pour une fois, je vais un peu me confier. Les derniers messages publiés concernaient le jardin, les envies de nature. Comme une belle transition, ils m'amènent à parler ici d'un projet qui nous tient à coeur. Celui de déménager. Cela fait trois ans que nous vivons ici. En trois ans bien des choses ont changé et pour la plupart c'est la vie qui nous les impose. Nous étions des amoureux de voyage, nous avions la bougeotte, nous imaginions déjà d'ici deux ans partir avec les filles faire un circuit en Islande. Et puis comme les amies le savent, petite Liv est née et avec elle la maladie. Une vie faite de soins, de petits séjours de routine à l'hôpital, une vie sédentaire avec des mois d'hibernation . . .tout cela a remplacé notre ancien mode de vie. Nous ne partons plus. Cela fera bientôt deux ans que je ne suis pas retournée en Lorraine voir ma famille. Je ne sais plus vraiment de façon objective à quoi ressemble mes forêts là-haut. Je les fantasme. Je me raisonne en me disant qu'elles ne sont peut-être plus aussi jolies, que tout a forcément changé. Je me raisonne: notre vie est ici à présent. Un temps nous pensions rentrer "chez nous" et puis très vite . . . nous avons pris conscience que rien n'est figé et que nous serions déçus. 5 ans . . . c'est beaucoup. On ne retrouve plus rien d'avant en cinq ans, surtout quand on a le sentiment d'être forcé de partir.
Alors soit, nous resterons ici. Avec joie.
Et puis, il y a ce "chez nous" où ne nous sommes jamais sentis chez nous justement. Nous vivons dans un village qui ne nous plaît pas du tout. Un village dortoir. En Provence on s'imagine un joli marché, avec une belle place bordée de platanes, ponctuée de fontaines. On imagine la gouaille des marchands, du boulanger, de la fleuriste. . . mais il n'y a rien de tout cela. IL y a des ruelles étroites sans charme qui mènent à notre quartier. Des ruelles où je suis souvent en sueur parce que les gens y roulent trop vite, parce qu'on y croise d'ifficilement une autre voiture., des ruelles sans trottoirs qui ne me permettent pas de promener mon bébé vers le village, qui ne m'autorisent pas à chercher No' à pied à l'école. Nous vivons dans un quartier où nous avons posé des affiches pour la fête des voisins (nous étions 4 l'an dernier ) et où l'une des affiches vient d'être arrachée lacéréé une fois de plus. On n'aime pas la convivialité ici. ça me rend triste. Quand je croise mes voisins, pour la plupart ils détournent le regard. Pourtant c'est un quartier où ne vivent que des petits vieux "apparemment bien sous tous rapports", mais justement des "anti-tout": anti-jeunes, anti-joie, anti-vie (?)
Et puis il y a ce voisinage trop proche de nous qui avons un tout petit jardin, minuscule (100 mètres carrés) . Il y a le barbecue du voisin qui enfume notre terrasse. Il y a le voisin qui fume et nous fait profiter de la nicotine, il y a le même qui peste ouvertement contre des feuilles qui dépassent chez lui, le même qui nous a demandé récemment de garer notre voiture plus en retrait pour avoir plus de visibilité. "Pas de souci" Alors on s'exécute et moi je nourris poliment sans le montrer bien sûr, le sentiment de "déranger" alors que nous sommes sûrement les plus discrets du coin. Il y a ce sentiment depuis longtemps que nous devons partir de ce village, quitter ce quartier qui offre les inconvénients d'une maison de ville sans les avantages de la ville ni ceux de la campagne.
Donc cette décision de vendre notre maison (dans laquelle pourtant nous nous sentons bien car nous l'avons refaite à notre goût mais . . . où nous nous sentons prisonniers d'un quartier, prisonniers d'un espace dont nous ne pouvons pas profiter sereinement).
Peut-être que cela paraît fou d'envisager de changer (vendre pour acheter en plus, c'est toute une angoisse pour nous . . . comment faire ? dans quel ordre ? ) mais nous SENTONS au plus profond de nos entrailles que c'est ce que nous devons faire. Serons-nous plus heureux? Je n'en sais rien. Je le souhaite vraiment. Pour la première fois la peur nous étreint. Avant nous rélféchissions bien sûr mais nous étions fonceurs. Tant que nous étions ensemble, rien ne pouvait nous arriver de mal. Et puis la maladie de Liv nous a glacés. Un mélange de "il faut décidément savourer la vie" et de "oui mais et si ??? on a déjà assez de soucis non?".
Nous voulons pour les filles un environnement sain à tous les niveaux, vivre plus en accord avec la nature. Je rêve pour elles d'une balançoire et d'une cabane
Nous voulons vivre dans un lieu propice à la sérénité où nous pourrons nous ressourcer. Je rêve d'avoir la place pour notre hamac et de pouvoir faire du yoga sans être aperçue par mes voisins pour qui le yoga . . . est un truc obscur et bizarre.
Nous voulons quitter ce département qui ne nous a pas porté chance, d'ailleurs le chiffre 13 on pourrait en causer tiens.
Nous ne pouvons pas trop nous éloigner de ce grand hôpital dans cette immense ville que je n'aime pas.
Nous voulons retourner dans le Var
Nous voulons partir en Provence Verte.
à bientôt